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déc 03 2012

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Shoah : quatre livres sur la déportation qui m’ont marqué

Il y a des livres qui marquent, à vie. De nombreux ouvrages décrivent les camps de la mort, et tous sont terribles parce qu’ils touchent un passé terrible, et terriblement effrayant quand à la nature humaine. Voici quatre livres qui m’ont marqués et dont je conseille régulièrement la , pas forcément agréable, mais terriblement utile.

Ils ne représentent pas à eux seuls la littérature concentrationnaire, mais ils font partie des ouvrages nécessaires à l’, et leur lecture laisseront une trace indélébile dans votre mémoire.

 

Elie Wiesel : La Nuit. – Paris, Les Éditions de minuit, 1958. – 175 pages in-8°.

La NuitJe commence par le plus petit et le plus abordable : le récit d’Elie Wiesel peut se lire en un jour, mais il va à l’essentiel.

Lui et sa hongroise sont déportés à la fin de la guerre sur Auschwitz puis Buchenwald. Sa mère et sa sœur sont gazées dès leur arrivée, mais lui va survivre avec son père aux privations, aux sélections, à la « longue marche ».

C’est un livre très court et très intense, un témoignage « brut » sans explication ni tentative d’analyse, que je conseille souvent à mes amis qui n’ont jamais rien lu sur la vie des déportés.

 

Primo Levi : Si c’est un homme. – Paris, Juliard, 1987. – 315 pages in-8°.

Primo Levi : Si c'est un hommeLà aussi un classique de la littérature concentrationnaire. « l’une des œuvres les plus importantes du vingtième siècle » selon la Socialist Review.

Il raconte l’expérience de son auteur dans le camp d’extermination d’Auschwitz pendant la Seconde Guerre mondiale. Primo Levi explique et décrit, à partir de son quotidien dans le camp, la lutte et l’organisation pour la survie des prisonniers. Tout au long de ce récit, il montre les horreurs de la déshumanisation des camps.

C’est le ton presque neutre, proche du sociologue, pour raconter un quotidien d’horreur, qui a beaucoup contribué au succès de cet ouvrage.

 

David Rousset : L’univers concentrationnaire. – Paris, Les Éditions de minuit, 1965. Réed. au Seuil (Pluriel). – 190 pages in 8°. Première édition en 1946.

David Rousset : L'univers concentrationnairePrix Renaudot dès sa première publication, le petit livre de David Rousset est, à travers ses description, une première tentative, réussie à bien des égards, de décrire les mécanismes et la logique des camps de concentrations qui broyait l’humanité de chacun.

Son témoignage dénonce implacablement les différentes strates bureaucratiques et idéologiques du système nazi au quotidien.

C’est un livre à la fois très violent et aussi très scientifique par sa démarche de description et d’analyse de l’organisation et des stratégies mises en place par les acteurs de ce quotidien où chaque seconde peut être la dernière.

 

Hermann Langbein : Hommes et femmes à Auschwitz. – Éd. Tallandier (coll. Texto), 2011. – 536 pages in-8°.

Hermann Langbein : Hommes et femmes à AuschwitzContrairement aux trois autres, il ne s’agit pas ici d’un témoignage unique, bien que l’auteur ait été également interné en 1942. Compilation ordonnée de plusieurs centaines de témoignages et de notices, , interview de femmes et hommes qui ont vécu à Auschwitz, des deux côtés.

Les noms et les vies défilent, les séquences et les se forment et le cauchemar s’organise et prend forme sous vos yeux à la lecture de cette somme monumentale, considérée par beaucoup comme définitive, sur le camp, qui en retrace l’historique et l’organisation.

Organisés en quatre grandes parties : Introduction, « Les détenus », « Les geôliers », « Après », les chapitres sont thématiques : «  »Le détenu et la mort », «  et jeux », « Le Canada », « Le kommando spécial », « Les enfants » (un des chapitres les plus bouleversants) pour la partie « Les détenus », mais la partie sur les geôliers aborde la sexualité, les différentes strates de subalternes, les civils, etc.

Une grande partie des témoignages porte sur l’hôpital et les médecins de la SS, car l’auteur y travaillait et a eu accès a beaucoup de sources.

Les sources, justement, sont à chaque fois citées, et c’est aussi une grande force de ce livre.

 

Autres ouvrages :

Ces livres ne décrivent pas la vie des juifs dans les pays occupés, que l’on peut trouver dans Le Journal d’Anne Franck ou Mon ami Frédéric de Hans Peter Richter par exemple. Ces derniers sont plus destinés à des lecteurs plus jeunes.

Plus difficile peut-être d’approche, la poésie concentrationnaire comme Prophétie des accouchements de Maurice Honel, est également à explorer.

Liens :

Enfin, une phrase de Romain Gary à propos du Nazisme :

Personne ne connaîtra jamais le noms de ceux qui portaient en eux une grande œuvre future et qui ont été exécutés avant de naître.

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4 Commentaires

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  1. karine

    Merci Mathieu

  2. Marie la Belge

    Dans ta liste, Mathieu, je n’ai lu que les deux premiers.
    Bien sûr c’est primordial de se pencher sur la déportation, la Shoah, le mal que les hommes peuvent faire à d’autres hommes, mais…. point trop n’en faut : ces livres sont tellement bouleversants.
    J’ai lu, par contre, quelques autres ouvrages sur ce sujet :
    – Le choix de Sophie (Styron)
    – La 25ème heure (Gheorghiu)
    – Le Grand Voyage, et aussi L’Écriture ou la Vie, de Semprun.
    Ce sont des classiques, mais je pense qu’ils sont à lire absolument.

  3. Loupias Vanessa

    « des hommes & des femmes à Auschwitz » est d’autant plius prenant que j’ai visité plusieurs camps dont celui-ci… Un grand moment qui permet de réellement prendre conscience de ce que ces hommes etfemmes ont vécu.

  4. Mat

    @Vanessa : je n’ai jamais visité de camp, mais tous ceux qui m’ont raconté cette expérience disent que c’est très éprouvant, tellement l’émotion est forte.

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