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oct 08 2012

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Le grand Cœur, de Christophe Rufin

couverture brochéeJe souhaitais commencer ce petit post en rappelant que j’aimais bien les romans historiques, mais je suis tombé sur une interview de Christophe Rufin, l’auteur du Grand Cœur, où celui-ci définit plus son comme un roman picaresque que comme un roman historique… Et en effet, il y a bien du picaresque dans l’ de Jacques Cœur, racontée par lui-même, à la première personne donc, tant il passe par différents états de fortune, si j’ose dire…

 

Ce n’est pas vraiment une biographie car c’est ici le héros qui « se » raconte, au soir de sa vie, du moins le vit-il comme ça. Mais le texte est très précis et visiblement très documenté. Nous accompagnons donc l’enfant Jacques dans sa vision d’enfant de l’époque telle qu’il pouvait la percevoir, avec les limites de lieu et de temps de l’époque. Guerre de Cent ans vécue par les petits bourgeois de sa ville de Bourges, événements politiques plus ou moins lointains (au début du moins), quotidien des artisans face aux prétentions d’une noblesse encore engossée dans son arrogance et un rôle de protecteur qu’elle n’a pas assumé face aux Anglais…

Le résumé de la quatrième de couverture :
Dans la chaleur d’une île grecque, un homme se cache pour échapper à ses poursuivants. Il évoque sa vie et tente de démêler l’écheveau de son incroyable destin. Fils d’un modeste pelletier, il est devenu l’homme le plus riche de France. Il a permis à Charles VII de terminer la Guerre de Cent ans. Il a changé le regard sur l’Orient, accompagnant le passage des Croisades au commerce, de la conquête à l’échange. Comme le palais auquel il a laissé son nom, château médiéval d’un côté et palais renaissance de l’autre, c’est un être à deux faces. Il a voyagé à travers tout le monde connu, aussi à l’aise dans la familiarité du pape que dans les plus humbles maisons. Parmi tous les attachements de sa vie, le plus bouleversant fut celui qui le lia à Agnès Sorel, la Dame de Beauté, première favorite royale de l’Histoire de France, disparue à vingt-quatre ans. Au faîte de sa gloire, il a connu la chute, le dénuement, la torture puis, de nouveau, la liberté et la fortune. Cet homme, c’est Jacques Cœur. […]

Statue_Jacques_Coeur

Statue de Jacques Cœur (Wikipedia.org)

En effet peu à peu, Jacques grimpe les échelons et côtoie rapidement le pouvoir royal, s’appuyant sur lui et le soutenant grâce aux résultats de son entreprise et de la vision qu’il a de ce que doit être le commerce international. Car c’est presque lui qui invente le concept de réseaux commerciaux qu’il met en place dans toute l’Europe et jusqu’en Orient. Son ascension est impressionnante, et sa chute, orchestré par un roi qui savait si bien trahir ceux qui l’avait aidé, plus encore.

À travers son ascension, c’est celle de la bourgeoisie d’affaire que l’on suit, comme je l’ai dit, face à la noblesse. Jacques découvre et exploite, est fasciné par l’Orient mais aussi par l’Italie qui est déjà à l’époque dans la Renaissance. Le pouvoir politique, jusque là réserve à la noblesse, s’ouvre et s’appuie sur les gens comme lui qui découvrent en même temps le pouvoir de l’argent et de la finance.

Ce qui est fascinant également dans ce livre, c’est non seulement de suivre cette montée vers le pouvoir mais aussi sa chute, jusqu’à la déchéance et la fuite. Le bonheur, mais aussi la réussite, attire souvent la jalousie et la rancœur. Il avait les deux et plus, et lui se savait en danger, ayant une grande connaissance de la personnalité du roi. C’est certainement cruel, mais cette déchéance de cet homme à qui tout a souri, qui a connu et la fortune et l’amour, le rend plus proche.

Son avec la maitresse du roi est bien plus qu’anecdotique : comme bien plus de femme qu’on a tendance à l’imaginer à l’époque, Agnes Sorel n’a pas été sans influence sur les faits politiques, et on peut même supposer que sa mort prématurée à 24 ans n’est pas anodine. C’est en tous cas l’une des causes de la chute de Jacques.

 

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