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mai 23 2012

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Ce qu’il advint du sauvage blanc

ISNN 9782070136629Avec son premier roman édité chez Gallimard (collection NRF) c’est une promesse d’un double voyage que François Garde nous offre. En tous cas j’ai pris ce comme un cadeau.

Au milieu du XIXe siècle, un jeune marin français de 18 ans, Narcisse Pelletier, fut abandonné par ses compagnons sur une île proche de l’Australie lors d’une escale d’approvisionnement. Ce n’est pas une punition ni une condamnation : le bateau a dû partir rapidement sans attendre l’imprudent qui s’était aventuré un peu trop loin dans les terres… Il vont donc revenir le chercher, certainement…

Mais le bateau ne reviendra pas. Et Narcisse va rester là-bas 17 ans sans n’avoir plus aucun contact avec l’extérieur.

Dix-sept ans plus tard, un navire anglais le retrouve un peu par hasard : il vit nu, tatoué, sait chasser et pêcher à la manière de la tribu qui l’a recueilli. Il a perdu l’usage de la langue française et oublié son nom ainsi que son passé.

Recueilli par un jeune misanthrope Français alors de passage à Sydney, il revient avec lui en France. Octave de Vallombrun va l’aider, peu à peu, à rechercher les traces de son passé et tenter d’apprendre ce que le « sauvage blanc » a vécu pendant toutes ces années.

C’est en effet un double voyage que nous offre ce livre, l’aller-retour de Narcisse recueilli par les aborigènes qu’il ne comprend pas du tout, perdu et incapable ni de communiquer avec eux, ni de comprendre la signification de leurs habitudes, ou de leur attitude à son égard. Seul, ne parlant plus, il est condamné à accepter en silence ce voyage vers l’enfer. Mais son retour en France, même s’il est accompagné et guidé par Octave de V., est également un nouveau voyage, un nouvel apprentissage de son premier monde qu’il a oublié complètement en 17 ans.

Le "vrai" N. Pelletier

Quand j’ai commencé à lire le livre de François Garde, je l’ai pris comme une version moderne de Robinson, mais c’est complètement différent. Le jeune Narcisse est comme un enfant tombé chez sa nouvelle tribu, incapable de communiquer ni de les comprendre, ni – c’est là la grande différence avec Crusoé – incapable de s’aider de ses acquis et de sa culture européenne qui ne lui sert à rien. Pour survivre, il est condamné à s’en défaire peu à peu. Son retour à la « civilisation » n’en est que plus difficile car il devient à nouveau un enfant incompris et perdu au milieu des siens dont il a tout oublié. Il peine à retrouver sa langue, semble avoir tout oublié des usages du monde civilisé et n’éprouve aucune joie à retrouver les siens.

Le vrai Narcisse Pelletier a vraiment existé, avec quelques différences : son bateau a fait naufrage alors qu’il avait 14 ans mais il a effectivement passé 17 ans chez les Aborigènes et revint en 1876 à Saint-Gilles-Croix-de-Vie, sa ville d’origine, et finit sa vie comme gardien de phare.

Le récit de François Garde mêle à la fois le récit d’aventures et la dimension anthropologique.

François Garde : Ce qu’il advint du sauvage blanc. – Gallimard, 2012, 327 p.

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4 Commentaires

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  1. Tarik

    Je vais le tenter en version poche quand il sortira car je trouve que les éditeurs sont des voleurs vu le prix de leurs bouquins.
    Si tu veux faire dans le remake de classique,je te conseille « Le vieux qui ne voulait pas fêter son anniversaire ». Une espèce de Candide version scandinave par Jonas Jonasson. Une livre qui devrait être rembousé par la sécu et qui m’a été conseillé par un libraire (un vrai, qui ne vend que des livres dans une librairie sans rayon pour écrans plats)

  2. Mat

    Merci Tarik,
    Je me suis acheté deux bouquins qu’un ami m’a conseillé juste hier mais je note le tien, il a l’air rigolo ! :-)

  3. angggel

    J’ai adoré ce livre que je viens de finir (une critique bientôt en ligne sur mon blog Le koala lit – dédié à la littérature australienne). J’ai été passionné du début à la fin, et les critiques sont quasi unanimes ! Par contre, je ne comprends pas pourquoi tu dis qu’Octave est misanthrope… je le vois complètement à l’inverse, philanthrope ! Pour faire ce qu’il a fait, il faut plutôt aimer la nature humaine ! Je serais curieuse d’avoir ton point de vue là-dessus.
    Angélique

  4. Mat

    @angggel : oui, à la réflexion, tu as peut-être raison… Disons que c’est son idéal, mais je trouve qu’il fait quand même tout ça beaucoup plus pour lui que pour les autres, à bien y regarder, non ?

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